Bonjour les amis, ça fait un moment que je ne vous ai pas fait part de mes pensées…
La situation sanitaire qui nous a enfermés et éloignés s’améliore tout doucement. Les gestes de protections nécessaires restent de vigueur, d’actualité, pour nous préserver réciproquement. Je n’aime pas beaucoup le terme usuel de « gestes barrières ». Je n’aime pas cette idée de mettre des barrières à nos rencontres, à notre besoin de présence, de partage, d’émotion, d’amitié, d’amour…Je ne voudrais pas « faire barrière » à l’autre fragile que j’accompagne, n à celui ou celle qui voudrais venir vers moi ! Je partage l’idée de nous protéger les uns et les autres, réciproquement, dans un profond respect de ce que nous sommes intrinsèquement : des êtres sociaux qui ont un besoin fondamental de contact avec leurs semblables.
Pour autant, la question des accompagnements snoezelen tels que nous les connaissions se pose ! Masques, distance d’environ un mètre cinquante entre les personnes, désinfection systématique des objets utilisés, des lieux, sur-blouses peut-être…précautions à prendre encore pour pouvoir se toucher…de prendre une personne dans ses bras… comment assurer quand même les séances snoezelen ?
Le virus n’est pas parti, nous dit-on. Il reste tapi dans l’ombre de nos éventuels faux pas. Il faut rester extrêmement prudents, pour ne pas faire courir de risques aux plus fragiles.
Alors, comment faire ?
Deux idées me viennent spontanément à l’esprit : il nous faut absolument tenir compte des fondamentaux de l’accompagnement snoezelen, et il nous faut laisser l’autre acteur de son accompagnement.
Pour cela, souvenons-nous du sens réel du mot « accompagner » : marcher à côté, faire avec, partager un bout de chemin ensemble…en laissant à l’autre le soin de la direction qu’il veut prendre, l’initiative de ses envies, l’expression de ses besoins, l’accomplissement de ce qu’il souhaite entreprendre dans cet espace qui a somme toute été pensé et réfléchi pour lui.
Pour ce faire, l’observation fine (capacitaire et émotionnelle) prime. Il nous faut arriver à « lire » chez l’autre, s’il ne peut pas exprimer autrement ses souhaits, ses préférences et ses évitements, ses postures d’ouverture et de repli, de rejet. Même derrière un masque de protection, cela est possible. Observer les yeux, les gestes, la posture du corps…entendre les petits sons de plaisir ou de refus, sont autant de signes que nous donne l’autre accompagné pour nous livrer des informations précieuses.
Le deuxième axe de travail concernera l’encouragement à aller vers ce qui intéresse, rend curieux, suscite l’envie, capte l’attention et pourra permettre la recherche du plaisir espéré.
Si, et cela arrive souvent avec les personnes que nous sommes amenés à rencontrer dans notre travail, le mouvement est restreint voire impossible, à nous de porter vers la personne l’objet de son désir, ou d’amener la personne là où elle voudrait aller. Même dans cette période de grande vigilance, prendre la main de quelqu’un ou guider un fauteuil, voire aider à un transfert reste possible si nous avons pris toutes les mesures d’hygiène et de précaution (mains bien lavées, désinfectées, port du masque…) nécessaires.
Enfin, j’attire votre attention sur la nécessaire désinfection des lieux et des objets utilisés. Il est de notre devoir de ne pas laisser à d’autres (agents de services, ASH…) la charge de travail en plus. Il n’est vraiment pas difficile de passer une lingette désinfectante sur le mobilier utilisé (colonne à bulle, matelas, fauteuils, fils lumineux …) et d’utiliser moins de petits objets (balles, objets de massage…) qu’il sera facile de plonger dans une bassine de solution désinfectante après notre intervention. Pour tous les tissus (foulards, cordes, peluches, doudous…) il est fort envisageable de prévoir leur utilisation et de préférer des objets appartenant déjà à la personne (qu’elle a dans sa chambre par exemple). Ils pourront être objets transitionnels rassurants, et faire perdurer le lien entre l’espace snoezelen et l’espace privé.
J’utilise souvent, notamment pour les personnes âgées, les peluches interactives chiens et chat. Évidemment, je ne peux pas les passer à la machine à laver ! Mais qui m’empêche de passer une lingette désinfectante sur l’objet ? Et de faire ainsi la « toilette » de la peluche, même avec la personne qui l’utilise ? Ça peut devenir un jeu, et permettre une certaine « responsabilisation », un objet dont l’autre pourra prendre soin. Il en va de même pour ce qu’on appelle les « poupées thérapeutiques (therapy dolls) ». Si le geste est malhabile, pas grave, vous finirez l’action pour bien sécuriser l’utilisation de l’objet !
Voilà, pour l’heure, chers amis, où j’en suis dans mes réflexions.
Je m’intéresse beaucoup en ce moment aux coutumes et modes de vie des pays asiatiques, qui n’ont pas le même rapport que nous européens au toucher et au corps. Pourtant, ils éprouvent eux aussi des émotions, s’occupent eux aussi de personnes plus fragiles, de personnes en situation de dépendance. Snoezelen est entré aussi chez eux dans les institutions et les maisons de soins et de retraite. Peut-être que je trouverais au fil de mes lectures d’autres idées… je vous en ferais alors part, promis.
Et bien sûr, j’attends avec impatience vos retours, vos critiques, observations, vos idées…n’hésitez surtout pas à me les partager !
Plus on est de cerveaux à réfléchir, mieux nous pourrons optimiser nos accompagnements !
Bon courage en ces temps encore incertains, beaux accompagnements snoezelen, prenez soin de vous et de ceux que vous aimez.
Bye bye,
Marie