Disposition des éléments dans la salle Snoezelen
Le lit à eau pourra être placé tête contre un mur avec les trois autres côtés accessibles. Cela vous permettra de tourner autour pour aller chercher une personne qui aura roulé d’un côté ou d’un autre. Si possible, placez le lit de manière à ce que ne soit pas le premier élément visible dans la salle Snoezelen, sinon vous favoriserez l’envie de se coucher et aurez du mal à inciter la personne accompagnée à faire autre chose. Les colonnes à eau sont généralement disposées dans un angle. Cela permet de placer des miroirs derrière pour démultiplier les effets lumineux. Ainsi, avec une seule colonne, si elle est placée dans un angle avec deux miroirs derrière, vous obtenez trois colonnes. Autrement dit, pour une colonne achetée, vous en avez trois. Prévoir un meuble de rangement (qui peut être le meuble hifi), pour disposer tous les petits éléments (huiles essentielles, disques à huile de rechange, télécommandes etc…). Des rails de portage peuvent être installés pour aider à transporter les résidents. De même, des encoches lève-personne doivent être prévues sur les montants du lit à eau ou des podiums. Un téléphone à signalisation visuelle, plutôt que sonore, peut s’avérer utile en cas d’urgence. Vous pourrez appeler de l’aide sans quitter des yeux votre patient. Prévoyez les espaces de circulation à pied, en fauteuil roulant et en lève-personne. Adapter les éléments installés aux bénéficiaires de la salle. Si vous avez la responsabilité d’enfants, vous pourrez opter pour des éléments bas, au sol. Pour les personnes âgées, au contraire, évitez tous les éléments tactiles bas. Évitez également les tapis qui sont de véritables pièges pour la marche.
Les matériels multi-sensoriels
Il ne nous est pas possible de passer en revue l’intégralité des matériels proposés dans une salle multi-sensorielle. Le catalogue de Barry Emons représenté par « Snoezelen France », recense plus de 2 000 produits. Nous allons donc examiner les principaux, les plus couramment installés.
Sol moelleux
Il est possible d’installer des tapis rembourrés au sol. Les enfants pourront ainsi marcher à « quatre pattes », faire des roulades etc… Un sol moelleux et confortable permet aussi de s’installer où bon nous semble, ce qui contraste avec les lieux de vie où nous nous asseyons sur une chaise, un fauteuil. Différentes textures, dureté peuvent être mises en place, incitant à la découverte. Ce sol peut être vibratoire, stimulation très intéressante dans le domaine de l’autisme entre autre.
Le lit à eau musical
Ce lit comporte un matelas à eau chauffée et recevant les basses fréquences de la musique. Attention, une simple chaîne hifi branchée sur le matelas ne restitue pas un effet convenable. Il vous faut veiller à acquérir du matériel professionnel ayant une puissance suffisante.
Il est appréciable d’avoir une bande d’assise autour du matelas. De 10 ou de préférence de 25 cm de large, elle permettra une assise de l’accompagnant plus confortable, sans générer un « raz de marée » à chaque mouvement. Elle permet également la possibilité d’offrir une transition au résident avant d’être sur l’eau.
Il existe également des lits intégrant des systèmes d’atténuation de vagues. Mais plus on atténue les vagues, plus on s’approche d’un lit avec un matelas ordinaire, ce que nous vous déconseillons car vous risquez de générer une confusion entre le lit de la chambre et celui de la salle Snoezelen. Par ailleurs, la réponse de la masse d’eau au mouvement de l’utilisateur sera plus grande sans atténuateur (kinesthésie).
Le lit à eau peut être activé par pression sur l’eau. Il permet de mettre en mouvement la personne allongée dessus. Plusieurs pressions restituent un autre ressenti. L’utilisateur peut aussi générer des remous en bougeant un bras, une jambe etc…
Le lit est revêtu d’une matière qui est identique au sol et au podium, créant ainsi la surprise d’un toucher différent sur une surface qui semble continue.
Le lit à eau est également le lieu de touchers relationnels, massages (terme réservé aux kinésithérapeutes) etc…
De part sa fonction vibratoire, il permet de travailler sur le schéma corporel et la perception du corps en terme de volume et d’intégrité. Cette dimension est particulièrement intéressante chez les sujets souffrants de troubles autistiques et troubles envahissants du développement, et chez les personnes polyhandicapées ou la notion du corps ressenti reste peu présente.
Au-dessus du lit, vous pouvez placer des éléments fixés au plafond. La personne allongée pourra ainsi découvrir un nuage, un ciel étoilé, des éléments qui pendent, de la fibre optique etc. Des rembourrages muraux peuvent sécuriser les murs qui entourent le lit. Par ailleurs cela renforce le sentiment d’enveloppement.
Choisissez bien la hauteur du lit. Un lit à hauteur classique d’assise (45cm) est trop bas (sauf pour les jeunes enfants), vous devrez fournir un effort important pour vous lever et vous rassoir à longueur de séance. Une hauteur de plus de 60 cm est nettement plus confortable.
Ne prenez pas un lit avec du vide en-dessous (sur pieds). Ne vous souvenez vous pas de la peur du voleur en-dessous de votre lit lorsque vous étiez très jeune ? Les personnes âgées ont cette phobie, c’est un exemple largement cité par Naomie Feil (La Validation®). Préférez un lit avec cadre qui cache le dessous qui peut accueillir des encoches lève personne.
Les colonnes à bulles
La première sollicitation sera bien sûr visuelle. Mais, après un moment, l’utilisateur se rendra compte que la colonne vibre, émet des bruits d’eau et dégage une légère chaleur (moins vrai avec les nouvelles ampoules led). En fonction de la personne que vous accompagnez, vous allez pouvoir jouer sur les plans visuel, auditif, vibratoire, tactile, etc…
Si vous avez trois colonnes en triangle, le patient peut s’installer au milieu. Il aura l’impression d’être à l’abri de l’extérieur, bien au chaud. Cela peut participer à recréer l’enveloppe psychocorporelle. Vous pouvez également éloigner la ou les colonnes des miroirs, permettant ainsi à l’enfant de se placer entre les deux créant à nouveau un sentiment d’enveloppement.
Certaines colonnes sont interactives. Une «galette» munie de gros boutons permet de changer la couleur et la taille des bulles. Cette interactivité est intéressante sur certain public pour le rendre acteur des sollicitations observées.
D’autres réagissent à la lumière noire, augmentant l’effet visuel. D’autres encore intègrent un tube à l’intérieur de la colonne contenant des objets (boules flottantes, lacets etc…).
Les fibres optiques
Ce sont des fils qui conduisent la lumière provenant d’une source lumineuse. Ces fils présentent l’intérêt d’être totalement inoffensifs. En effet, ils conduisent la lumière et non l’électricité, donc aucun risque d’accident. Les fibres doivent cependant être «super safe», c’est-à-dire être intégralement en matière plastique. Les premières fibres contenaient des filaments qui, si la personne rompait le fil, pouvaient être mâchonnés et ingérés. Ce n’est plus le cas avec les nouvelles fibres.
Par ailleurs, il sera important de tester le matériel proposé afin de vérifier le bruit du moteur qui doit être le plus faible possible. Si le moteur émet beaucoup de bruit, c’est une pollution auditive très gênante autant pour les utilisateurs que pour les accompagnants qui passent plusieurs heures dans la salle. Ce détail est vrai pour les colonnes à bulles, les disques à huile et tous les moteurs électriques.
La fibre optique est un élément visuel et tactile. L’utilisateur peut s’en recouvrir, cela va le rassurer (enveloppe psychocorporelle) et le captiver. C’est une matière agréable à toucher et elle change de couleur grâce à un disque qui tourne dans la source.
La fibre optique peut être disposée de différentes manières :
• en gerbe, à côté d’un fauteuil ou du lit,
• en cascade, pour jouer un effet visuel maximum,
• insérée dans des dalles de faux plafond, pour créer un ciel étoilé,
• en chute, l’utilisateur va se placer dessous avec l’impression d’une pluie de fibres optiques,
• insérée dans un rideau occultant, il permet de dissimuler une fenêtre et d’offrir une animation visuelle comparable au ciel étoilé, mais verticale,
• insérée dans un tapis, même effet que le rideau, mais au sol.
Projecteur de disques à huile ou diaporama
Ce sont des projecteurs dans lesquels on insère un disque à huile ou à diaporama (stimulation non factuelle/factuelle).
Les diaporamas projettent des visuels sur un thème donné, par exemple les signes du zodiaque, la montagne, un paysage de mer. En tournant, ils simulent une animation.
Les huiles, en se mélangeant, génèrent des formes abstraites et colorées. L’avantage des disques à huile est la non mise en échec de la personne fragilisée. En effet, un panorama de papillons par exemple, peut provoquer des questions chez elle : quel est cet animal, à quoi sert-il ? etc… Si elle ne détient pas la réponse, elle se trouve en situation d’échec. Avec les huiles, elle peut imaginer ce qu’elle veut, elle aura toujours raison.
Fauteuils relax, nacelles, hamacs
En dehors du lit, il est important de prévoir des matériels de confort dans la salle. C’est une condition essentielle à la relaxation et le lit ne convient pas forcément à toutes les populations. La fonction « balancement », type rocking-chair, est importante pour certains publics. Il existe des rails sur lesquels vous faîtes rouler un fauteuil roulant. Une fois en place, vous bloquez le fauteuil et il devient un rocking-chair. Simple et efficace.
Les hamacs et nacelles sont des outils intéressants pour les stimulations kinesthésiques et vestibulaires.
Le fauteuil Hydro Tilt est particulièrement adapté aux personnes âgées
(assise sur coussin d’eau).
La cabane
Les personnes atteintes d’autisme ont besoin de contenance. La cabane est très intéressante pour les enfants autistes qui adorent se cacher dans cet espace.
Boule à facettes, laser
La boule à facettes : il s’agit d’un élément intéressant pour générer l’étoilage des surfaces frappées par les rayons, à moindre coût. Mais, attention aux épileptiques par exemple, cet élément n’est pas sans danger. Il est possible d’allumer le projecteur qui génère les éclats de lumière sans le moteur, ainsi il ne tourne pas.
Le laser est également capable d’étoiler n’importe quelle surface avec un effet beaucoup plus percutant et performant. Son coût a largement diminué ces dernières années.
Tableaux tactiles
Éveiller la curiosité avec le toucher en présentant à la personne des matières différentes, jouer sur les contrastes : froid/chaud, doux/rugueux, humide/sec etc…
Ce sont des éléments qui peuvent être facilement réalisés par vous-même et c’est l’occasion d’une séance d’animation bricolage. Il vous suffit d’une planche de bois sur laquelle vous fixerez diverses matières (papier de verre, laine, bois, métal etc…).
Tableaux sonores
Cette fois, vous éveillerez la curiosité avec des sons. Un carillon, un mini djembé, des grelots, etc. permettent de varier les intonations.
Certains tableaux sonores combinent le son et la lumière. Cela peut permettre aux malentendants de visualiser le son de leur voix.
La lumière noire
Les ultraviolets de la lumière noire, totalement inoffensive, permettent de faire briller certains éléments qui n’ont aucun intérêt exposés à la lumière blanche. Par exemple, vous portez une chemise blanche et vous vous placez sous le néon de lumière noire. Vous allez attirer la curiosité de votre patient. Une multitude de petits éléments tactiles peuvent être disposés dans la zone noire. La personne pourra les toucher, les observer, les offrir etc…
Des aquariums, spécialement conçus pour réagir à la lumière noire, permettent de reproduire une ambiance marine.
Des fibres longues qui brillent à la lumière noire permettent de réaliser des sas d’entrée/sortie ou des séparations entre deux zones. Les rideaux blanc sont également très intéressants visuellement pour séparer deux zones. Il brillent à la lumière noire et, de surcroît, vous pouvez projeter un disque à huile sur sa surface.
Veillez à ne pas enfiler une grande blouse blanche, vous allez vous transformer en fantôme.